Depuis le début de la crise sanitaire du COVID-19, nous avons été alarmés par près de 8 000 messages et de témoignages que vous nous avez transmis pour nous faire part de vos conditions d’étude et de vos inquiétudes sur les dispositifs d’examens qu’Aix-Marseille Université souhaitait mettre en place pour le second semestre.

Il faut se rendre à l’évidence, nous vivons la plus importante crise sanitaire depuis 100 ans et cette situation exceptionnelle doit s’accompagner de mesures exceptionnelles afin qu’aucune étudiante ou étudiant ne se retrouve pénalisé dans son cursus universitaire.

Dans cette optique, nous avons travaillé ces dernières semaines de concert avec les sections locales de l’UNEF partout en France pour établir des revendications qui sont demandées par un grand nombre d’étudiantes et d’étudiants, d’ordre pédagogique et juridique concernant les examens du second semestre de l’année universitaire 2019-2020.

Nous avons réussi à recenser plusieurs problèmes majeurs :

  • Beaucoup de personnes nous font remonter des soucis concernant la manière dont sont actuellement dispensés les cours. On peut citer l’absence d’harmonisation concernant la façon dont sont dispensés les cours à distance (PDF indigestes de plusieurs centaines de pages, cours sur des plateformes inaccessibles pour certains étudiants (Skype, Discord, Zoom), demande d’achat de livres alors que les étudiants sont déjà très précaires, ou bien encore le fait que certains professeurs ne donnent « plus signe de vie aux étudiants depuis le début du confinement ».
  • Nous pointons aussi du doigt les supports de cours existants, qui ne sont pas tous adaptés aux personnes en situation de handicap qui se retrouvent alors sans solution pour continuer à suivre leurs cours.
  • Nous avons eu beaucoup de témoignages qui nous informaient d’un maintien du contrôle d’assiduité, notamment via les cours dispensé en « streaming », ce qui pose problème puisque vous êtes un certain nombre (14%) à ne pas être équipés en matériel informatique ou à ne pas posséder une machine suffisamment performante pour faire tourner les logiciels de visioconférence, ou qui ne permettent pas d’ouvrir des PDF volumineux.
  • Enfin de nombreux étudiants (70% selon l’enquête AMU) étant rentrés chez leurs parents rencontrent de grandes difficultés pour se connecter à internet. Cela s’explique par un mauvais réseau dans de nombreuses villes, mais également par la mise en place du télétravail pour les parents de beaucoup d’étudiants, ce qui sature le réseau local. Il nous a également été remonté des graves problèmes de connexion en Cité U.
  • Enfin de nombreux étudiants nous ont fait remonter des situations d’urgence psychologique notamment pour ceux qui sont confinés seuls en cité U ou dans de tout petits logements. Cette détresse psychologique est également liée pour certains, à la crainte de voir leurs proches contaminés par le COVID-19, voire à des situations de deuil. Il y a également une détresse financière pour les étudiants n’étant pas rentrés chez leurs parents ou dont les parents sont au chômage et rencontrant des difficultés pour se nourrir du fait de la fermeture des services de restauration du CROUS bien moins coûteux que des commissions en magasin d’alimentation.

Ces éléments prouvent la difficulté à mettre en place une continuité pédagogique efficace et égalitaire.

Afin d’assurer la meilleure continuité pédagogique pour toutes et tous, l’UNEF Aix-Marseille revendique :

  • L’application d’une mesure mise en place par Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui a décidé de financer l’achat d’un poste informatique pour les étudiants qui n’en sont pas équipés, à hauteur de 500€ et de participer à l’acquisition d’un abonnement internet pour les étudiants qui en feraient la demande à hauteur de 90€.
  • La mise en place d’une aide financière alimentaire d’un montant de 150€ (également en cours d’élaboration à Paris 1) largement finançable grâce à la CVEC que chaque étudiant paye en début d’année et qui n’a pas encore été répartie.
  • La prise de contact par SMS ou mail avec chaque étudiant afin de lui proposer un suivi psychologique géré par le SIUMPPS s’il le désire.
  • Une plus grande accessibilité des cours dispensés avec à minima des cours accessible 24h/24 et 7j/7 (via des PDF digestes et/ou via des vidéos sur Ametice).
  • Que AMU contacte l’ensemble des étudiants en situation de handicap pour faire le point avec ces derniers concernant leurs besoins spécifiques pour adapter les supports de cours en conséquence.

Après avoir fait le point sur la continuité pédagogique, il est essentiel de traiter de la question qui angoisse le plus les étudiants : la tenue des examens du second semestre de l’année universitaire 2019-2020.

L’UNEF revendique la mise en place d’un 10/20 améliorable pour le second semestre de cette année universitaire.

Pourquoi un 10/20 ? Parce que nous souhaitons que soit mis en place un filet de sécurité pour l’ensemble des étudiants qui se retrouvent en grande difficulté pour continuer à suivre des cours et qui ne seront pas en état de passer normalement leurs examens du second semestre. Cette mesure a l’avantage de ne pénaliser aucun étudiant, elle ne remet pas en cause l’évaluation et le fait de progresser dans son parcours universitaire et surtout elle ne change pas l’évaluation du premier semestre.

Comme nous l’avons dit nous souhaitons mettre en place un 10/20 améliorable, ce que nous revendiquons c’est de conserver toutes les notes de contrôle continu ayant eu lieu avant le début du confinement, et de mettre en place, pour se substituer au contrôle continu durant la période de confinement ainsi qu’au contrôle terminal, des devoirs maisons dont il faudra garantir l’anonymat des copies avec un numéro d’anonymat par étudiant caché pour le correcteur. Ces devoirs maisons devront se restreindre uniquement à des sujets portant sur des cours tenus en présentiel avant le confinement. Par ailleurs il ne doit pas y avoir d’obligation de rendu et de date limite de rendu pour ces devoirs maison, dans la mesure où nous anticipons que de nombreux étudiants ne seront pas en capacité matérielle ou psychologique de réaliser ces devoirs maison, il ne nous semble pas acceptable de demander à un étudiant endeuillé ou au chevet d’un proche de devoir produire dans un laps de temps donné un devoir. Il s’agit donc de supprimer l’assiduité de ces devoirs maison. Cela peut prendre la forme de dates de rendu indicatives et non pas impératives. L’objectif n’est pas de « donner » à tout le monde son année mais seulement d’évaluer les étudiants entre 10 et 20 au lieu de 0 et 20.

Nous revendiquons aussi :

  • Le maintien de la compensation des notes et des sessions de rattrapages, notamment pour le premier semestre. En effet, il ne faut pas que l’année d’un étudiant ne repose uniquement sur son premier semestre.
  • Au même titre, nous ne souhaitons pas qu’un étudiant ayant eu 15/20 au premier semestre se retrouve pénalisé par le 10/20 automatique, d’où la possibilité d’améliorer ce 10/20 en rendant des devoirs maison.
  • Concernant les rattrapages, nous exigeons la mise en place de la « règle du max » c’est-à-dire de ne conserver que la meilleure note entre la première session d’examens et la session de rattrapages afin de ne pas faire des rattrapages une sanction mais bien une seconde chance.
  • La suppression des notes seuils, limitant l’accès aux rattrapages.
  • Pour les devoirs maison, nous proposons un système de rendu dématérialisé pour ceux qui le peuvent ou un système de rendu par envoi postal suivi pour les étudiants qui ne sont pas équipés de matériel informatique.